vendredi 4 septembre 2009

GRAN TORINO

film société de et avec Clint Eastwood (2009)

Synopsys
Les tribulations tragi-comiques d'un vieux réac américain caricatural (vétéran de Corée, ancien ouvrier chez Ford et amoureux des vielles autos, anticlérical, etc.) et de ses chinois de voisins...

Ressenti
En un mot, excellent. Enfin un film qui, malgré un pitch aussi plat, a vraiment quelque chose à dire. Clint Eastwood campe si bien ce vieux yankee que l'on se demande s'il s'agit vriament d'un rôle de composition ! Mais si bien sûr - il n'aurait su saisir tous ces instants si forts s'il n'était pas l'opposé de descendant de Polonais raciste au dernier degré.

Je préciserai cependant que les postulats de départ (vétéran de Corée, Ford, chinois, etc.) ne sont que d'une importance mineure.Walt aurait pu être un ancien garçon boucher ,et ses voisins gays, ou communistes, ou français, ou même rien que ses voisins, cela n'aurait pas moins permis de donner un visage à la xénophobie (au sens littéral, "peur de l'autre"), et partant d'exposer l'histoire d'une possible réconciliation.

Je ne souhaite pas en dire trop, car il serait dommage de saper la jubilation qu'il peut procurer lorsque l'on ne sait pas vraiment à quoi s'attendre.

Attention, ce film peut avoir des effets très néfastes sur votre consommation de navets policiers et autres films d'actions en carton tant il pourrait vous réconcilier avec le cinéma qui a un sens !

mercredi 2 septembre 2009

MISSION

film historique de Roland Joffé (1986), avec Jeremy Irons, Robert De Niro

Synopsys
1750, un prêtre Jésuite est mis à mort par les membres d'une tribu Guarani en Amérique du Sud. Bientôt remplacé par un autre missionnaire, ce dernier va prendre fait et cause pour le peuple indigène dans un conflit politique opposant en apparence Portugais et Espagnols, qui sollicitent une fois n'est pas coutume l'Eglise pour arbitrer leur différend.

Ressenti
Bien sûr, visionner ce film plus de 20 ans après sa sortie (Palme d'Or à Cannes en 1986), c'est prendre un risque. A commencer par se laisser distraire du propos par une mise en scène quelque peu datée, et qui surtout se laisse trop souvent déborder par la musique d'Enio Morricone, qui prend parfois le film en hotage. J'entends par là que si le talent d'Enio Morricone est incontestable, certaines scènes portées par ses envolées disproportionnées voient leur message voilé, passant en arrière-plan d'une recherche d'esthétique qui semble très décalée au regard de la dureté du sujet.

Car dur, ce film l'est. Rarement le cynisme des colonisateurs et la complaisance de l'Eglise n'auront été aussi brillamment illustrés. Vu de ce début de 20ème siècle, la plupart des propos des européens exposés sont proprement révoltant. Et même lorsque l'on veut éviter tout uchronisme moral, en jugeant ces gens à l'aune de notre morale actuelle, il est difficile de trouver la moindre justification aux positions défendues par les uns et les autres. Et sur ce point, le réalisateur ne nous aide guère, car il semble faire en sorte d'éviter toute compromission, tout parti-pris (même si le choix du sujet en est un à lui seul naturellement).

Le regard n'est donc ni moral, ni immoral, il est plutôt amoral. Tente la neutralité dans un contexte où il serait si facile d'orienter le propos. Ce qui laisse au spectateur la lourde tâche de tirer sa conclusion de ces faits, réels pour l'essentiel.

La gravité de sujet ne doit toutefois pas faire oublier la beauté des prises de vues, servies par une nature majestueuse, ainsi que, détail beaucoup plus prosaïque, un enregistrement de grande qualité qui donnera toute satisfaction même sur les équipements les plus modernes.